Un an après la mort de Daniel Bensaïd, il m'a paru opportun, comme pour renouveler un hommage, de publier le petit texte qu'on va lire et dont la LCR-NPA avait à l'époque donné à Montpellier une lecture publique. Voici ce texte :
Mardi 12 Janvier 2010 Daniel Bensaïd est mort. Le lendemain l’Huma publie de lui un très beau portrait. Il parle devant un micro. Son visage est anguleux. Sa joue droite s’affaisse légèrement, soulignée par une ride. Sa maigreur trahit la fatigue. Mais il a, derrière ses lunettes, un regard éthéré qui semble percer l’objet pour atteindre l’idée, et qui s’égare dans un lointain connu de lui seul. Il lève un index droit annonciateur, comme s’il voulait susciter l’attention d’un auditoire appelé à entendre quelque paradoxe qui pulvérise les lieux communs ou à méditer une de ces abstractions ardues où l'hypothèse et l'engagement se donnent la réplique.
La coïncidence a voulu que mon livre de chevet actuel soit justement cet « Eloge de la résistance à l’air du temps » qu’il venait d’écrire. Je le suis de loin dans une pensée difficile où s’épanouit un marxisme critique. Sur le chemin encombré des idées, c’est un compagnon de bon aloi vers qui on va en quête d'une orientation politique, comme on userait d’une boussole. Aujourd’hui, alors que je cherche ma voie et que je me tourne vers lui pour trouver un repère, il vient de s’effondrer à mes côtés comme ce soldat de la poésie allemande fauché par une balle aux côtés de son camarade (..."Eine Kugel kam geflogen").
Je ne le connaissais pas personnellement. Je ne l’ai jamais vu ni entendu. Je regrette aujourd’hui de ne pas avoir honoré les invitations pressantes d’amis de la Ligue Communiste Révolutionnaire qui m’incitaient à aller l’entendre aux journées d’été de Leucate, tout près de chez moi.
Voici venu le temps de l’absence. Je mesure le désarroi de ses camarades de parti à l’aune de ma propre tristesse.
Georges Apap, Béziers le 14 janvier 2010
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