Préface pour "Garde à vue".
Dans
la grande variété de ses territoires, notre
pays recèle des lieux inspirés que le voyageur qui s’arrête ne tarde pas à
humer en de curieux effluves. C’est à un mouvement de l’âme qu’il doit de
comprendre la singularité de ces refuges de pureté.
Il
en est ainsi de la petite ville de Saint-Pons de Thomières, au nord de Béziers,
au pied des montagnes. Son passé, très ancien, est depuis toujours agité. Le
Larzac n’est pas loin. Le Mercredi matin au marché du foirail, l’air se respire
d’une autre manière.
On
ne peut démêler ce que la cité doit aux hommes qui sont venus la peupler, de ce
qu’elle leur a elle-même offert, mais un souffle de contestation s’empare des
rues de la ville comme une brise tiède pour la maturation de ces accès de
fièvre qui, dans l’histoire du pays, ont toujours indiqué aux décideurs quelles
limites ils ne devaient pas franchir.
Les évènements
qui meublent la chronique qu’on va lire baignent dans ce même rude climat qui
recouvre leur diversité. Ils s’étendent sur les dix dernières années qui
précèdent l’écriture de ces lignes.
On lira comment
un élu du peuple, gagné par une ambition personnelle, a cru pouvoir mettre sur
pied un projet désastreux, et comment, effrayé par la colère qu’il avait
déchaînée, il a réussi, virtuose de la volte face, à prendre la tête de la
révolte contre son propre projet qui convenait pourtant bien aux autres élus du
département. On verra comment la détermination des Saint-Ponais rassemblés a eu
raison de la voracité d’une multinationale qui voulait « changer la merde
en or » en posant « une bouse au milieu des marguerites » selon
les expressions imagées d’un des protestataires les mieux inspirés…
On lira
encore, brièvement rapportée, l’histoire avortée de l’implantation des
éoliennes.
Enfin, on s’indignera
du traitement infligé par le pouvoir à des citoyens au dessus de tout soupçon,
mystérieusement dénoncés comme possibles auteurs d’un complot dirigé contre le
chef de l’état et contre quelques personnalités désignés par leur notoriété à
la vindicte d’un détraqué ultérieurement
identifié. On verra comment le concept de terrorisme habilement manipulé par
des policiers opiniâtres et oublieux du droit, a servi d’instrument de
persécution renouvelée au cours d’enquêtes dont la dernière était manifestement
abusive et dirigée en toute lucidité contre des innocents.
S’il est des
enseignements à garder de ces évènements, on retiendra d’abord comment tout une
population a été bernée par un élu qui a finalement, avec habileté, tiré son
épingle du jeu sans dommage personnel. Le peuple est toujours trahi par ceux
qu’il a choisis pour le représenter.
On n’oubliera
pas non plus comment le pouvoir peut impunément s’emparer du prétexte
terroriste pour maltraiter des citoyens d’une banale normalité, sans reproche,
sans passé, des gens comme vous et moi, qu’on peut embastiller et détruire
psychologiquement et matériellement avec une désinvolture de tortionnaire. Le
peuple est toujours persécuté par ceux qui sont chargés de le protéger.
Le peuple n’a
aucun recours auprès d’une justice démembrée, dont l’indépendance a été
consciencieusement ravagée.
Le peuple ne
peut compter que sur lui-même.
Georges Apap, Béziers le 2 Mai 2010.
"Garde à vue", ouvrage de Pierre Blondeau et Marcel Caron, relate l' "affaire du corbeau" à Saint-Pons de Thomières, et a été publié en 2010 à"La Cigale" à Saint-Pons.
"Garde à vue", ouvrage de Pierre Blondeau et Marcel Caron, relate l' "affaire du corbeau" à Saint-Pons de Thomières, et a été publié en 2010 à"La Cigale" à Saint-Pons.