lundi 7 juin 2010

UNE JUSTE INDIGNATION



Israël vient d’arraisonner un bateau de pacifistes à destination de Gaza. Il y aurait au moins neuf morts. La protestation est universelle. Tous les peuples du monde manifestent pour dénoncer une forme de terrorisme d’Etat. Une levée de boucliers générale réunit les chefs d’Etat, les personnages politiques de tout bord, les responsables éminents ou minuscules de toute structure, minuscule ou éminente, dans un remarquable conformisme. L’ONU met en place une commission d’enquête, tandis que mon audacieux voisin défile dans les rues derrière un drapeau palestinien.
On me parlera de l’ignominie d’une politique destinée à affamer et désarmer un peuple pour le tenir à sa merci. Je suis d’accord. Je partage l’indignation générale. Tout cela doit cesser.
Mais je refuse de manifester avec la multitude anonyme et de protester simplement pour ne pas être en reste. J’observe et pour cela, je prends de la distance, grâce à quoi j’ai une vision globale. J’aperçois, aux antipodes, un autre blocus, celui que depuis un demi-siècle la puissante Amérique inflige à la petite île de Cuba dans l’indifférence générale. Depuis un demi siècle des commandos armés partent presque quotidiennement de Miami pour aller semer la terreur sur les côtes cubaines, et Fidel Castro a déjà échappé à plus d’une centaine de tentatives d’assassinat. Tout cela parce que le régime politique du petit pays déplaît à son grand voisin connu pour vouloir imposer aux autres cette forme de démocratie qu’il affectionne en portant chez eux le fer, le feu, le sang, et pour finir, l’impérialisme.
Je protesterai et je manifesterai contre tous les blocus dès lors que la protestation et la manifestation ne seront plus sélectives.
Beziers le 6 juin 2010.