J'avais quinze ans quand notre professeur de littérature nous a parlé succinctement du théâtre grec antique, et plus spécialement de l'Antigone de Sophocle. Vous connaissez l'histoire : le tyran Créon qui régnait sur Thèbes avait interdit qu'on donnât à Polynice une sépulture. Je n'entre pas dans le détail de l'histoire. Antigone était la soeur de Polynice. Elle transgressa l'interdiction de Créon et, de nuit, alla recouvrir de terre le corps de son frère. Surprise par les gardes, elle fut conduite devant Créon qui lui reprocha d'avoir désobéi à la loi. Elle lui répondit que sa loi était injuste par son mépris de la loi sacrée, celle des Dieux, car donner une sépulture à un mort est un principe sacré auquel aucune loi humaine ne saurait déroger. Cette réplique lui coûta la vie.
Voila pourquoi, à l'âge de quinze ans, j'ai aimé Antigone d'amour. Elle me fit comprendre que notre différence d'âge nous empêchait de rien construire ensemble. Je me rendis à ses raisons, et mes sentiments se sublimèrent en une intense admiration. Antigone a longtemps été pour moi le plus immense personnage du théâtre, de tous les théâtres.
De là date ma conversion à la désobéissance civile.
Je vous raconterai la suite si vous y voyez quelque intérêt.
Georges Apap. Béziers le 5 Novembre 2010.
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